Nous avons rencontré Alice, une enseignante de 43 ans, très sportive et qui adore passer des vacances au soleil à la plage. Elle nous explique comment elle vit les choses et comment elle fait pour assumer son diabète, même en bikini.
« Cela va faire 35 ans qu’on a découvert que j’étais diabétique. Donc, je ne vous raconte pas mon enfance et mon adolescence bouleversées par la mise au point des traitements, le suivi constant de ma glycémie, de mon alimentation, les périodes de déprime, les épisodes d’hypo- et d’hyperglycémie parfois dangereux, parfois à l’origine d’anecdotes, etc, c’est du passé.
Aujourd’hui, je suis une femme mariée, heureuse, passionnée par mon boulot et l’entretien de mon corps et de mon moral par la pratique du sport : je cours tous les jours, je fais du fitness, de la zumba, de la danse contemporaine, du tennis et je coache une équipe de volley-ball. Heureusement, j’ai pu profiter au cours du temps des évolutions technologiques en matière de prise en charge de ma maladie. J’utilise le système de mesure en continu FreeStyle Libre2, des applis pour analyser et partager mes résultats, pour gérer ma prise de sucres, une appli qui envoie une alarme en cas d’hypo- et d’hyperglycémie3,4, et j’alterne entre une pompe à insuline en hiver et des stylos injecteurs en été.
Pourquoi ? Parce que j’adore profiter du soleil, pratiquer mon sport en tenue légère, et que j’ose montrer mon corps plutôt fit pour mon âge, malgré ma maladie. Donc, en bikini, je m’imagine mal accrocher à mon soutien ma pompe à insuline. Déjà le capteur, ce n’est pas toujours facile, je vois bien des regards bizarres, qui se demandent sur la plage ce que c’est.
Mais franchement, aujourd’hui, je suis arrivée à me considérer d’abord comme une femme épanouie plutôt que comme une malade. Je suis fière de mes jambes et mon ventre musclés, de mon décolleté et de mon énergie, et j’ose me mettre en valeur sans complexe. Et puis, j’ai décidé de profiter de ma situation pour en apprendre aux autres sur le diabète, c’est mon métier d’expliquer, d’enseigner. Donc, j’explique autour de moi, à mon équipe de volley, aux gens qui me regardent avec curiosité ce qu’est le diabète et j’en profite pour les inciter à faire du sport en prévention du diabète de type 2. Et puis, il faut aussi éduquer ceux qui jugent sans comprendre. Je me rappelle d’avoir interpellé une personne qui discutait à voix basse avec quelqu’un. Je leur ai dit : vous vous posez des questions ? C’est juste une injection d’insuline, ce n’est pas une drogue. Moi ça ne me gênait pas de faire mon injection, je leur ai expliqué.
Je pense qu’assumer son corps tel qu’il est, même avec un capteur toujours visible et des marques d’injections, et oser en être fière, cela me grandit, cela me donne confiance en moi et me rend heureuse. C’est en tout cas ce que me dit mon mari, qui lui, se dit très fier de moi.
A vous de choisir : vivre dans la plainte et cachée ou vivre bien dans sa peau parmi les autres. »