Les édulcorants : en savoir plus 🍬

Juillet 2023, Dr S. Audali, journaliste scientifique

Lorsqu’on est confronté au diabète, on est heureux de pouvoir parfois recourir à des édulcorants, ces alternatives au sucre qui ne devraient pas poser les mêmes problèmes que les glucides naturels. Mais il semblerait que les édulcorants ne soient pas tous si inoffensifs que ça… Le point sur la question.

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Pendant des années, le sucre était redouté voire interdit dans l'alimentation des personnes avec un diabète. Aujourd'hui, la souplesse est de mise car il ne s'agit plus de le supprimer mais de surveiller sa consommation. C'est déjà une grande avancée ! De plus, afin d'améliorer le plaisir gustatif, l'utilisation des édulcorants dans les denrées alimentaires a été vécue comme une aubaine par de nombreux patients. Creusons un peu !

Les édulcorants sont des substances qui sont utilisées comme additif alimentaire pour donner un goût sucré à l’aliment/la préparation. Leur mention est obligatoire sur les emballages, ils sont indiqués par la lettre E suivie de trois chiffres, et ils sont strictement règlementés. 

 

On distingue 2 catégories : les édulcorants intenses (ou intensifs) et les extensifs (ou de masse).

  • Les édulcorants intenses, qu'ils soient naturels ou de synthèse, ont une valeur énergétique (calorique) négligeable et sont sans impact sur la glycémie. En revanche, leur pouvoir sucrant est bel et bien présent. Ils ont une DJA (Dose Journalière Maximale) exprimée en mg/kg de poids corporel/jour qui ne doit pas être dépassée pour un usage normal et sécure. On compte parmi eux l'aspartame (E951), l'acésulfame K (E950), le sucralose (E955), ou encore la stévia rébaudiana (E960), etc. Ils sont utilisés dans un large éventail d’aliments et boissons. 

 

  • Les édulcorants de masse, le plus souvent des polyols, apportent 2 fois moins de calories que le sucre, ils n’élèvent pas la glycémie. On les retrouve pour certains naturellement dans des fruits. Deux familles de polyols sont utilisées dans l’industrie alimentaire : les aldithols ou glycitols. Ce sont des dérivés des aldoses. On voit beaucoup ces polyols dans les produits de confiseries "sans sucre", sur les emballages, on les retrouve sous les noms suivants : Maltitol et le sirop de maltitol (E965), Isomalt (E953), Lactitol (E966), Mannitol (E421), Sorbitol (E420) ou Xylitol (E967).
    Contrairement au saccharose (sucre), les polyols ne constituent pas une source métabolique pour les principales bactéries responsables des caries : on dit qu’ils sont acariogènes. Parmi les polyols, le xylitol est même connu pour son action protectrice de la plaque dentaire. Sa consommation provoque immédiatement un effet "frais" dans la bouche et sur la langue, et inhiberait même la formation des caries dentaires.2
    Cependant, les polyols présentent un inconvénient : ils sont fermentés dans le côlon, ce qui peut entraîner en cas de consommation importante de la diarrhée et des flatulences.
    Ils profitent de la dénomination GRAS (Generally Recognised As Safe), généralement reconnus comme sûrs, c’est-à-dire qui ne posent pas de problème de sécurité, indépendamment de la dose avalée.

Et le fructose dans tout ça ?

Un mot concernant le fructose qui est souvent utilisé dans des produits "pour diabétiques". Il a un pouvoir sucrant plus important que le sucre blanc donc vous en mettez moins pour obtenir le même goût sucré, son index glycémique (IG) est plus bas mais il n’est pas recommandé chez les personnes diabétiques de type 2 car il augmente la quantité de triglycérides sanguins.En cas de diabète de type 1, on pourra très facilement gérer sa consommation via les applis liées aux appareils de mesure en continu. Le tout est de savoir que c’est du sucre, mais avec un faible IG (30-40), bien en-dessous du sucre blanc (65) ou du miel (73), c’est aussi le sucre qui compose majoritairement le sirop d’agave. C’est un atout en cas de diabète car sa consommation ne fait pas monter le taux de glucose. Il est également recommandé à ceux qui surveillent leur ligne car cet IG bas permet de ne pas induire d’hypoglycémie réactionnelle lors de la digestion, à l’origine de « fringales ».

Nouveau : l’OMS se prononce contre

L’Organisation mondiale de la santé (OMS), a publié ce 15 mai 2023 une recommandation déconseillant l’utilisation des édulcorants de type intensifs, dont les plus courants sont l’acésulfame K (E950), l’aspartame (E951), l’advantame (E969), les cyclamates (E952), le néotame (E961), la saccharine (E954), le sucralose (E955), la stévia (E960) et d’autres dérivés de la stévia. Selon l’OMS, « Les sucres naturels ne sont pas des facteurs alimentaires essentiels et n’ont pas de valeur nutritionnelle. Les gens devraient réduire complètement le goût sucré de leur alimentation, dès le plus jeune âge, afin d’améliorer leur santé. » L’OMS a également noté « les effets indésirables potentiels d’une utilisation à long terme » des édulcorants de synthèse, tels qu’un risque accru de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires. Les résultats de l’étude suggèrent également qu’il pourrait y avoir d’autres conséquences dangereuses, telles que l’augmentation du risque de décès prématuré chez les adultes.

Attention à l’érythritol

L’érythritol (E968), un édulcorant du groupe des polyols très utilisé, vient de se voir mis sur la sellette par une étude observationnelle parue dans la sérieuse revue Nature. Consommé en grandes quantités, il activerait l’agrégation des plaquettes sanguines, favorisant ainsi la formation de caillots et augmentant de manière importante le risque d’infarctus et d’AVC (Accident Vasculaire Cérébral). 

 Mais alors, on fait quoi ?

Lorsqu’on souffre de diabète de type 1, on sait depuis longtemps qu’il faut être très attentif aux apports en sucres dans l’alimentation, surveiller leur effet et adapter son traitement en conséquence. Pour ce faire, une surveillance de son taux de glucose en continu avec FreeStyle Libre est un must.
Dans le cas du diabète de type 2, souvent associé à des problèmes de poids, il convient d’autant plus de réduire de manière drastique les apports en sucre.
On retient donc qu’il vaut toujours mieux ne pas s’habituer au goût sucré, ou s’en déshabituer. L’eau devrait rester la boisson privilégiée pour tous et les édulcorants n’ont pas vraiment une place de choix dans l’alimentation, puisqu’ils entretiennent le goût du sucré. Si on veut vraiment se faire un petit plaisir, essayons de le faire avec des fruits à IG bas et bio ou avec des alternatives naturelles au sucre, telles que le sirop d’agave, d’érable ou un miel de qualité.

 

Dr S. Audali

Références & décharges de responsabilité

Les données et les images sont données à titre d'illustration. Il ne s'agit pas de vrais données, patients ou professionnels de la santé.

  1. Nicolas. (2019, July 9). La Dose Journalière Admissible (DJA) des édulcorants, gage de sécurité | Édulcorants.eu. Édulcorants.eu. https://www.edulcorants.eu/infographie/dose-journaliere-admissible-edulcorants-securite/ (Consulté en avril 2024).
  2. Gargouri, W. et al. (2020). Effect of xylitol chewing gum enriched with propolis on dentin remineralization in vitro. Archives of Oral Biology, 112, 104684. https://doi.org/10.1016/j.archoralbio.2020.104684
  3. Lozano I, Van der Werf R, Bietiger W, Seyfritz E, Peronet C, Pinget M, Jeandidier N, Maillard E, Marchioni E, Sigrist S, Dal S. High-fructose and high-fat diet-induced disorders in rats: impact on diabetes risk, hepatic and vascular complications. Nutr Metab (Lond). 2016 Feb 25;13:15. doi: 10.1186/s12986-016-0074-1. PMID: 26918024; PMCID: PMC4766713.  

Sources : 

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