Commençons par le pouvoir diabétogène (qui favorise le diabète) du tabagisme. En 2015, la méta-analyse de Pan et al. analysant 88 études prospectives et incluant 6 millions de patients a mis en évidence une augmentation de 37% du risque de diabète de type 2 chez les patients qui fument, dépendant de la dose de tabac consommée. (1) La Nurses' Health Study avait également pu montrer un relation dose-dépendante et mis en évidence une association entre le tabagisme passif** et le risque de diabète de type 2 chez les femmes incluses dans cette analyse (augmentation de 16%).(2)
Comment l’expliquer ? Les mécanismes physiopathologiques impliqués sont certes complexes mais on sait tout d’abord que les fumeurs présentent un excès de graisse abdominale et même un surrisque d’obésité abdominale. Cette relation est également dépendante de la dose (de tabac) fumée. L’étude de Clair et al. a ainsi pu montrer une augmentation dose-dépendante de l’obésité abdominale, que ce soit chez les femmes ou les hommes, lorsqu’on compare les gros fumeurs aux fumeurs plus légers.(3) D’autre part, le tabagisme pourrait entrainer une insulinorésistance via des mécanismes multiples, notamment l’augmentation de certaines hormones (catécholamines, cortisol, hormone de croissance) et à une inflammation de bas grade favorisant également l’insulinorésistance. Il faut aussi rappeler que la fumée du tabac contient plus de 4700 substances dont l’impact sur le métabolisme glucidique est forcément difficilement évaluable.
Et chez les ex-fumeurs? Récemment, des chercheurs ont cependant voulu valider si ce facteur de risque se vérifiait également chez les ex-fumeurs. Leur étude s’appuie sur une étude de cohorte de 36 742 personnes (non diabétiques de type 1) ayant complété un questionnaire sur leurs habitudes de vie (poids, taille, composition du foyer, activité physique, tabagisme, usage de snus***, consommation d’alcool et de café) et leur niveau d’éducation.(4) Et un risque accru de diabète de type 2 a bien été mis en évidence chez les fumeurs et les ex-fumeurs, en comparaison des personnes n’ayant jamais fumé. Ce risque de diabète de type 2 décroit après sevrage tabagique, mais reste cependant significativement augmenté durant les quinze années suivant l’arrêt du tabac. Voici donc une confirmation supplémentaire du rôle diabétogène du fait de fumer, qui souligne que les dommages du tabagisme peuvent également être observés de longues années après l’arrêt du tabac.