Diabète et régime kéto :
une bonne idée ? 🍳

Septembre 2023, Dr S. Audali, journaliste scientifique

 

De nos jours, certains régimes alimentaires restrictifs en glucides et appelés « kéto » de manière générale sont particulièrement à la mode. Leur efficacité rapide sur la perte de poids est évidente mais qu’en penser pour les personnes qui présentent un diabète ?

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De quoi s’agit-il ?

Les régimes amaigrissants ou diètes appelées « kéto » ou « low carb » sont des modèles alimentaires qui réduisent fortement la part des glucides (tous les hydrates de carbone) au profit des lipides (graisses) et protéines. Plusieurs versions sont proposées en fonction de la diminution de l’apport calorique total (régime low carb, régime hyperprotidique, régime cétogène,…) mais ils ont en commun de limiter voire de supprimer

  • tout féculent (pommes de terre, riz, pâtes,…),
  • les sucres ajoutés ou présents dans les fruits et certains légumes et les céréales soufflées, complètes ou raffinées (pain, corn-flakes, etc.).

Le but est d’obtenir un shift métabolique, c’est-à-dire une utilisation des graisses comme combustible à la place des glucides. En effet, lorsque l’organisme est privé de glucides, les corps gras deviennent sa principale source d’énergie (qu’elles proviennent des repas ou soient puisées dans les réserves) et une partie d’entre-elles sont transformées en corps cétoniques, d’où le terme "cétogène". Ces derniers peuvent servir de carburant à différents organes, mais ils sont principalement orientés vers le cerveau.

Ce régime a, comme tous les régimes, des avantages et des inconvénients. Il plaît particulièrement aux amateurs d’aliments gras qui n’ont pas l’impression de devoir faire trop d’effort mais semble peu compatible avec une vie sociale. Il présente aussi de possibles effets secondaires tels que constipation, hypoglycémie, maux de tête, mauvaise haleine, etc. ou encore un risque de certaines carences nutritionnelles (sélénium, magnésium, phosphore, vitamines B et C etc.).

À condition de contrôler l’apport énergétique, le régime kéto permet de perdre du poids. La synthèse de 13 recherches scientifiques, regroupant un peu plus de 1400 patients, conclut à une meilleure efficacité du régime cétogène, comparé avec un régime amaigrissant classique dans lequel les lipides ne fournissent que 30% des calories : au bout de 1 an de suivi, la perte de poids obtenue était supérieure de près de 1 kilo.1

Diabète de type 1 (DT1)

Les choses semblent très claires pour les sujets qui présentent un diabète de type 1, et qui ne sont habituellement pas en surpoids. Ce diabète est en effet totalement dépendant de l’insulinothérapie et les risques d’hypoglycémie sévère ou d’acidocétose liés à la recherche d’une cétogénèse sont clairement en défaveur de cette diète pour eux.
Il est donc recommandé de ne pas recourir à une diète « low carb » en cas de DT1 mais bien de veiller à réduire la part des aliments à indice glycémique élevé et de limiter les sucres ajoutés dans le cadre d’une alimentation diversifiée.

Pour ou contre dans le diabète de type 2 ?

Ces régimes initialement conçus pour traiter l’obésité ont de manière logique été proposés dans le cadre du diabète de type 2. On pouvait en effet espérer agir sur les facteurs de risque cardiovasculaires en diminuant la masse grasse, et réduire la résistance à l’insuline. Les études comparant une diète « low carb » avec un régime classique en cas de diabète de type 2 montrent d’ailleurs une diminution plus prometteuse de la glycémie.2 Tous les espoirs ont été permis, pouvait-on imaginer « une rémission » du diabète de type 2 grâce à une diète cétogène ? De très nombreuses études ont été menées à ce sujet, de nombreux débats ont occupé les experts mais la diversité et la variété des protocoles d’études et de l’application pratique des diètes n’ont jusqu’à aujourd’hui pas permis de conclure à une recommandation basée sur les preuves scientifiques. Les dernières recommandations de l’American Association of Diabetes (ADA) sont extrêmement nuancées sur le sujet : pas de conclusion stricte possible, on peut recourir à ce type de diète pour perdre du poids mais il convient d’être particulièrement attentif à tout symptôme ou incident et il faut l’éviter si on est sous traitement par gliflozine, en cas de grossesse ou d’hypertriglycéridémie majeure.3
De plus, il manque de données fiables sur leur efficacité et sécurité à long terme.
Vous voulez agir vous-même sur votre poids et votre métabolisme ? Il n’y a malheureusement pas de recette miracle et sans modification de votre mode de vie : manger varié, moins calorique, faire de l’exercice physique, gérer son stress sont des moyens éprouvés. Parlez-en avec vos soignants !

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Le diabète peut parfois donner l'impression d'être une maladie très « lourde à gérer ». Pour vous aider à reconnaître le genre de choses auxquelles vous devez faire attention., nous avons rassembler quelques règles empiriques que vous pouvez utiliser pour structurer votre régime alimentaire.

Lexique :

  • Corps cétoniques : substances produites une fois qu’il n’y a plus de glucose (« sucre ») disponible, et que le corps se tourne vers des sources d’énergie alternatives, notamment les graisses.
  • Cétogénèse : ensemble de processus conduisant à la synthèse, au niveau du foie, des corps cétoniques.
  • Insulinothérapie : traitement à base d’insuline.
  • Gliflozine : ou SGLT2-inhibiteur, classe de traitements du diabète de type 2.
  • Hypertriglycéridémie : excès de triglycérides (type de graisses) dans le sang.

 

Références & décharges de responsabilité

Les données et les images sont données à titre d'illustration. Il ne s'agit pas de vrais données, patients ou professionnels de la santé.

  1. Bueno, N. et al. (2013). Very-low-carbohydrate ketogenic diet v. low-fat diet for long-term weight loss: A meta-analysis of randomised controlled trials. British Journal of Nutrition ; 110 (7), 1178-1187.
  2. Whetley SD et al. (2022) Low carbohydrate dietary approaches for people with type 2 diabetes; a narrative review. Front Nut; 8 : 687658 
  3. El Sayed NA et al. (2023) on behalf of the ADA. Facilitating positive health behaviors and well-being to improve health outcomes: standards of care in diabetes. Diabetes Care ; 45(Suppl1) : S68-S96.

Sources:

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