Episode 3

Diabète et discrimination au travail : la double peine

Entre résilience et droits des employés, regard sur les aménagements, droits et défis.

Gérez mieux votre diabète avec une excellente précision1
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Comment gérer sa vie professionnelle quand on apprend qu’on a le diabète ? Jean-Willy, ancien pilote de ligne, nous fait part de son expérience. Quant à François Schapira, avocat spécialisé dans le droit du travail, il aborde les aspects juridiques du thème ‘Diabète et vie professionnelle’ auquel est consacré ce troisième épisode de la série de podcasts Let’s Talk Diabetes.

Abandonner sa passion

Jean-Willy est pilote de ligne depuis 6 ans quand il apprend, à 30 ans, qu’il est atteint d’un diabète de type 1, au hasard de l’examen médical annuel. Une annonce brutale, car aucun symptôme ne l’avait alerté d’une possible maladie. Du jour au lendemain, il est contraint d’abandonner ce métier qui est aussi sa passion, ce qu’il vit très mal. Il n’a heureusement pas eu le temps de ruminer, car sa compagnie aérienne avait besoin de personnel pour former et entraîner les pilotes sur simulateur de vol. Jean-Willy se voit alors proposer une formation afin de devenir instructeur sur simulateur. Une fonction qu’il occupe toujours aujourd’hui, une trentaine d’années plus tard.

Cécile

Les obligations de l’employeur

Si, au moment du diagnostic, il éprouve un sentiment d’injustice –  « Pourquoi moi ?! »  –, Jean-Willy ne sent pas victime de discrimination au sein de la compagnie qui l’emploie. « J’avais de chouettes collègues et mes supérieurs m’ont soutenu dans ce changement d’orientation professionnelle. » La transition entre les deux postes s’effectue donc de manière fluide et sans heurts.

Un dénouement heureux pour Jean-Willy, auquel toute personne découvrant qu’elle est atteinte de diabète peut prétendre. La législation et la jurisprudence belges sont en effet là pour protéger le travailleur, explique François Schapira : « Au sens des relations de travail, le diabète est considéré comme un handicap. » Cela signifie que si le travailleur est limité de manière durable dans l’exercice de son activité professionnelle en raison de sa santé, l’employeur est obligé de mettre en place des ‘aménagements raisonnables’. C’est-à-dire des mesures qui permettent au travailleur vivant avec le diabète de pouvoir continuer à exercer son travail à égalité avec d’autres personnes qui occuperaient la même fonction. Il peut aussi proposer à son employé une autre fonction disponible au sein de l’entreprise, compatible avec le diabète, comme ce fut le cas pour Jean-Willy.

Cécile

Un arsenal anti-discrimination efficace

Pour illustrer l’attention que portent le législateur ainsi que les cours et tribunaux aux personnes vivant avec le diabète, Maître Schapira cite l’exemple d’un arrêt rendu en 2018 par la cour du travail de Bruxelles qui a condamné un employeur à verser à son travailleur une indemnité de 6 mois de rémunération pour discrimination et une seconde indemnité de 6 mois pour refus de mettre en place des aménagements raisonnables, sans justification. « Si l’arsenal législatif anti-discrimination continue à évoluer, il est déjà relativement abouti pour les personnes dont l’état de santé est fragile », se réjouit l’avocat spécialiste du droit du travail.

Geraldine

Renforcer le dialogue

Si une personne apprend qu’elle est atteinte de diabète et que cette affection est susceptible d’avoir un impact sur sa manière d’effectuer sa mission de travail, elle peut spontanément demander une consultation au médecin du travail. Il appartiendra alors à ce dernier de formuler des recommandations à l’employeur pour mettre en place des aménagements tels que des pauses plus régulières, un local de repos, un endroit où entreposer son matériel médical, un aménagement des horaires de travail… François Schapira pointe encore quelques efforts à fournir concernant les recommandations fournies par la médecine du travail : « Le dialogue entre le médecin, l’employeur et le travailleur devrait être plus soutenu afin que la réintégration, la réorientation et/ou les aménagements soient une réussite pour l’ensemble des parties. »

Cécile

Aller de l’avant

Avec le recul, quel serait le conseil de Jean-Willy à une personne obligée de changer de vie professionnelle suite à un diagnostic de diabète ? « S’il lui est impossible de continuer son travail, je lui dirais de faire table rase du passé et de choisir rapidement une autre voie. » Cela lui évitera de regretter sa vie d’avant et lui permettra de bâtir et de réaliser de nouveaux rêves. 

Geraldine

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